Il vous faut:

• votre peinture
• une assiette de pique-nique en carton ou plastique blanc
• un seau de ménage rempli d'eau
• un pinceau ordinaire (brosse en soies de porc de 2 cm large environ)
• un chiffon,
• une protection pour votre plan de travail
• un tablier
• des chutes de papier peint ou du papier épais blanc (nous utilisons des chutes de toile d'artiste en rouleau. Si vous en disposez c'est idéal car préparées au gesso, elles sont blanches et neutres. Vous pouvez également préparer un papier avec une couche de gesso acrylique si vous aimez être très très précis...)

Vous allez ouvrir chacun de vos tubes (voir la liste donnée au cours de couleur numéro 1 ICI) et peindre de petits carrés de couleur les uns à côté des autres sur une grande feuille capable de les contenir tous.

Mettez suffisamment de peinture pour obtenir une couleur à peu près uniforme et opaque.

Ecrivez en dessous le nom de la couleur inscrit sur le tube correspondant.

Entre chaque peinture de carré, lavez votre pinceau dans le seau et essuyez le soigneusement avec le chiffon: vous avez déjà appris le principal en couleur: Utilisez des couleurs propres afin de ne jamais faire de mélange involontaire.

Examinons le résultat:

Première constatation: aucune de ces couleurs prise isolément ne nous ferait envie sur un mur ou un dessus de lit... Ce qui explique que lorsque l'on parle de couleur "sortie du pot" en décoration, c'est plus souvent une critique qu'un compliment.

Pourquoi un tissu de Pierre Frey (ou un autre) vous paraît-il beaucoup plus joli qu'un tissu quelconque dans une grande surface de bricolage (malgré son prix)? parce qu'on a travaillé la couleur! Donc si vous voulez une déco raffinée, il va falloir travailler un peu les vôtres c'est à dire les fabriquer et explorer les mélanges.

Garder ce nuancier de base sous la main vous sera très utile au début car vous n'ouvrirez pas vos tubes au hasard pour faire un mélange et ne prendrez pas n'importe quel bleu sous prétexte que vous l'avez ouvert par erreur mais qu'il "fera aussi bien l'affaire"

Observez tout d'abord vos couleurs. De haut en bas et de gauche à droite:

Jaune de cadmium clair,
Ocre jaune (mais ici jaune de Mars, assez approchant): c'est une terre et comme toutes les terres, c'est déjà un mélange de couleurs. Il tire bien vers le jaune.
Ce qui est moins le cas de la Terre de Sienne Naturelle (TSN) , sa voisine de droite, qui "tire" un peu plus vers le rouge. Mais pas autant que la voisine de cette dernière, la Terre de Sienne Brûlée qui, elle, tire franchement vers le rouge, au point que lorsqu'on lui ajoute du blanc, on obtient un très joli rose " ancien" beaucoup plus joli sur un mur qu'un rose bonbon obtenu par mélange de rouge vif et de blanc...

Deuxième rangée: (toujours de gauche à droite)

Orange de cadmium. Il le faut dans votre palette car vous n'obtiendrez pas un orange aussi pur et percutant par mélange de jaune et de rouge. Or cela peut vous être utile d'en disposer par petites touches ou dans les mélanges.

Rouge de cadmium moyen: c'est un rouge qui tire un peu vers le jaune, pas du tout vers le bleu.

Ce qui est le contraire de son voisin le Cramoisi d'Alizarine. Très important à distinguer car si vous voulez un beau violet il ne faudra pas prendre le rouge du mélange au hasard, on le verra plus loin.

A côté du cramoisi d'Alizarine, sur la photo, il y a un naphtol carmin qu'il n'est pas nécessaire d'avoir dans la palette, il se fabrique aisément mais il est un peu moins orangé que le rouge de cadmium moyen. Mais je l'avais dans le tiroir, j'en ai profité pour le tester.

Et à la fin de cette rangée vous trouvez un bleu de Cobalt, qui est un bleu ne tirant pas du tout vers le rouge.

Troisième et dernière rangée:

Terre d'Ombre Brûlée (TOB), la quatrième terre de notre palette. Elle tire vers le rouge si bien que lorsque vous l'utilisez mélangée à du blanc sur un mur (c'est à dire en masse) ou dans un mélange clair vous obtenez une couleur violacée qui ne vous prendra plus par surprise...Important à connaître si vous ne voulez pas transformer votre séjour en aubergine par erreur.

Sa voisine Terre d'Ombre Naturelle (TON), quant à elle tire vers le vert. Une très jolie couleur, très raffinée mélangée à du blanc

Vert Emeraude : Indispensable car vous n'obtiendrez jamais un vert pur et percutant comme celui-là en mélangeant du jaune et du bleu. (Et oui, encore une notion apprise au jardin d'enfants, qu'il vaut mieux oublier: vous ne ferez plus vos verts de cette manière...) Et c'est le vert le plus pur de la gamme contrairement à un vert olive ou un vert anglais, peut-être très jolis en eux-mêmes mais à ne surtout pas utiliser en mélanges.

Et enfin, Bleu Outremer, le bleu de votre palette qui tire sur le rouge (enfin! depuis le temps qu'on en parle...)

Et Noir de Mars qui est un noir à peu-près intermédiaire, le noir d'Ivoire étant un noir chaud et le Noir de fumée un noir froid.

Ce qui nous amène à évoquer cette notion très simple de couleur chaude et froide: c'est comme sur les robinets: la couleur chaude tend vers le rouge (ou le jaune), la couleur froide vers le vert (ou le bleu).

La couleur rouge est donc, pensez-vous, la couleur chaude par excellence. Et pourtant on peut parler de rouges "froids". Ce sont ceux dans lesquels il y a pas mal de bleu...

Pourquoi est-ce utile à connaître en dehors du fait qu'il est toujours intéressant de savoir de quoi on parle? Parce que l'ambiance chaleureuse d'une pièce peut être liée à la présence ou non de couleurs d'un certain type. Vous avez voulu reproduire par exemple le rouge très chaleureux de l'entrée du restaurant qui vous avait plu et cela ne fonctionne pas...Mais peut-être ce rouge tendait-il beaucoup plus vers le jaune que celui que vous avez utilisé qui tend un peu trop vers le bleu: d'où pas du tout l'effet attendu...Et quand vous aurez l'habitude des mélanges vous saurez préciser de quel rouge il s'agit et ne ferez pas d'erreur en le reproduisant.

Et, avant de se quitter, je vous avais promis d'éclairer cette histoire de bleus et rouges à ne pas confondre. Eh bien voici encore une astuce à retenir: si vous voulez faire un beau violet bien violet et pas éteint du tout il faut mélanger un bleu tirant vers le rouge et un rouge tirant vers le bleu (vous potentialisez vos chances en quelque sorte...) c'est à dire?.. bleu outremer et cramoisi d'alizarine : Bravo, il y en a au moins une qui suit parmi vous!

Essayez, vous verrez. Si vous ajoutez un bleu de cobalt à un cramoisi d'alizarine, ce sera très joli aussi mais pas vif du tout et je ne parle pas du rouge de cadmium et du bleu de cobalt... Et pourquoi cela? eh bien la réponse au prochain numéro...

Il ne faut pas croire que l'on travaille toujours "en l'air" ou '"d'instinct" ou "à l'inspiration"...Tous les décorateurs ont des nuanciers sous la main et tous les illustrateurs ont des documents pour s'aider ou s'inspirer.

Ci-dessus, l'exercice en question. Il est pourtant limité au mélange des jaunes avec les terres, le noir et le blanc. C'est dire le nombre de couleurs que l'on obtient avec une palette aussi réduite. La séance suivante ce seront les bleus et les rouges

Et ces nuanciers là vous pourrez les garder même lorsque vous aurez des années de pratique derrière vous car il y a toujours des petites recettes qui s'oublient car pratiquées moins souvent. Le fait de les retrouver d'un coup d'oeil permet de gagner un temps précieux et par dessus le marché vous aurez beaucoup moins de mal à trouver les bonnes associations en ayant tout "sous les yeux". Les nuances infimes seront plus faciles à ajouter.

Voir également: constituer sa palette et associer les couleurs

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