Ces coloris subtils, harmonieusement fondus, dégradés et transparents ne s'obtiennent bien évidemment pas en trempant son pinceau dans un pot de peinture acrylique standard...

Ils doivent tout à l'usage des glacis. Que ce soit peinture à la colle, glacis à l'huile, cires teintées, autant de façons de réaliser des peintures transparentes qui laissent apparaître le fond et procurent lumière et douceur de tons.

Voici, pour ce couloir, une très jolie démonstration de l'association harmonieuse de différents glacis réalisée par la décoratrice Anne Crouan pour le chateau de Chambiers.

Les ocres, jaunes, roses et rouges, se fondent à merveille pour s'accorder aux tomettes anciennes du sol.

Les poutres sont traitées en rose: plus clair et plus original que leur couleur bois d'origine.

Pour cela bien sûr, il a fallu les enduire, la couleur rose ne peut être obtenue sur un fond couleur bois.

Sur les murs une terre de sienne naturelle, sur l'encadrement de la porte et le trumeau du dessus de porte un mélange de rouge et de terre d'ombre naturelle, sur la porte une superposition de glacis jaunes et rouges pour produire cet ocre rouge profond, repris sur les poutres.

Une délicate harmonie qui rappelle celle de la toile de Jouy aux fenêtres et les tissus anciens qui décorent les murs.

Peindre avec des glacis peut intimider celui qui ne l'a jamais tenté mais ce n'est pas extrêmement compliqué. C'est même une technique très rapide. On couvre plusieurs mètres carrés en peu de temps.

Quelques impératifs à respecter:

-les peintures transparentes laissent apparaître le fond. Donc si celui-ci est fissuré, le glacis en s'accumulant dans la fissure la soulignera d'autant mieux. Si le fond est taché, le glacis ne masquera pas les taches. La couleur du fond interviendra sur la couleur finale en s'ajoutant à celle du glacis: un glacis jaune sur un mur peint en bleu et on obtiendra un mur vert...
-la valeur (caractère clair ou foncé) du fond ne doit pas être trop éloignée de celle du glacis car les traces laissées par l'outil dans le glacis seraient trop brutales et peu agréables à l'oeil.
-le glacis ne doit pas sécher trop vite car il faut pouvoir le "travailler" c'est à dire pouvoir choisir d'estomper, de lier, de juxtaposer ou de superposer les traces de l'instrument à son gré afin de produire un ensemble harmonieux. C'est pourquoi les peintres décorateurs préfèrent souvent les glacis à l'huile qui sèchent plus lentement que les glacis acryliques s'ils ont des effets particuliers à produire tels que l'imitation de bois, de pierres et autres peintures à effet.
-la superposition des glacis pour obtenir une profondeur de couleur obéit aux mêmes lois des mélanges que d'habitude. C'est à dire que si vous superposez deux glacis de couleurs complémentaires, vous obtiendrez un gris, très raffiné certes mais un gris tout de même. Vous devez donc l'avoir choisi. Et le mieux est, comme d'habitude, de faire des essais sur papier avant d'attaquer son mur, d'autant que les reprises sur une peinture transparente ne se font pas aussi aisément qu'avec une peinture couvrante bien entendu.
Par contre le raffinement et la luminosité d'une couleur transparente sont incomparables.

Un badigeon bleu glacier sur un mur blanc produit un effet plus subtil que deux couches de peinture acryliques opaques . Mais c'est une technique qui s'apparente à des styles particuliers et on n'utilise pas indifféremment l'une ou l'autre

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